Définition
En langage financier, l’ineffable dragueur aurait formulé les choses ainsi : « j’ai un closing ce soir ». Car le closing est le moment ultime de cette longue et difficile phase d’approche et de séduction qu’est la levée de fonds, celui de la fin des négociations, de la concrétisation formelle de l’ensemble des engagements réciproques et du début de l’association avec les investisseurs.
Concrètement, investisseurs, actionnaires et dirigeants se réunissent, le plus souvent chez l’un des avocats, et se livrent et à un intense sport de poignet afin de signer des centaines de pages :
- De procès-verbaux d’Assemblées Générales ;
- De statuts ;
- De pactes d’actionnaires ;
- De bons de souscription ;
- De garantie d’Actif et de Passif ;
- Etc …
Cette documentation fournie résulte d’un travail intense des avocats et autres parties prenantes à l’opération, souvent particulièrement chronophage, de façon croissante dans les deux mois qui précèdent la date fatidique, avec un pic la dernière semaine. Un conseil : limitez au maximum ses autres engagements durant cette période ou bien soyez sûrs d’avoir correctement réparti les rôles au sein de l’équipe. (Nota Bene : plus généralement, attention à l’effet “trou d’air” post levée de fonds qui peut parfois arriver lorsque les fondateurs ont passé entre 3 à 6 mois sur la levée de fonds et que le chiffre d’affaires s’en trouve impacté et a du mal à redécoller après la levée.)
Quant à l’argent des ou de l’investisseur(s), il a été soit viré quelques jours plus tôt sur un compte spécialement ouvert à cet effet, ou il le sera le jour du closing ou dans les jours qui suivent après vérification de la « compliance ». Et il faut se souvenir que rien n’est clos tant que l’argent n’est pas sur le compte et qu’il est important de ne pas communiquer à outrance sur une levée de fonds tant que celle-ci n’est pas réellement “closée” car jusqu’au dernier moment tout peut arriver…
Le jour du closing, les avocats et le leveur de fonds sont prêts à intervenir si un litige de dernière minute venait à surgir : demande au finish d’aménagements (ça ne se fait pas vraiment, ça marche rarement, mais certains essayent quand même), réglages de toute dernière minute ou difficultés administratives imprévues. Une imprimante n’est pas loin, au cas où…
Avec la crise sanitaire de 2020, on a vu discrètement s’accroitre les closings à distance : parties prenantes réunies par visioconférence et documents validés par signature électronique. On pratique aussi beaucoup par procuration : ça enlève forcément du cachet au dernier acte du closing, le plus festif : « champagne ! ». Rien de tel en effet pour célébrer l’évènement et surtout laisser derrière soit les discussions et négociations difficiles.
Conclusion
Il convient de considérer cette étape comme un acte symbolique essentiel, tout en sachant que l’important se joue avant : mise en place d’une confiance réciproque, d’une vision commune, de règles du jeu mutuellement acceptées…, et après : création de valeur, atteinte de jalons de croissance, sortie profitable à toutes les parties.
Ainsi, on peut voir le closing comme une coucherie à la Jean-Claude Dusse, mais aussi remarquer que cela tient de la cérémonie de mariage, un moment performatif et d’émotion qui marque la relation et l’envie de projet commun, un mélange de continuité et de premier matin.
Quelques questions à se poser :
- Le planning pré-Closing est-il établi et laisse-t-il de la place aux imprévus ?
- Avons-nous procédé à une revue de détail avec notre avocat ?
- La partie administrative a-t-elle été double-checkée (on est jamais trop prudent à ce stade) ?
- Comment ferons-nous de cet évènement le début d’une belle alliance ?
- Quelle communication envisager post closing ?
1 JC Dusse, les bronzés font du ski