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Balance ta levée de fonds ?

Alors que les mentalités s’ouvrent et que les initiatives émergent en faveur d’une égalité plus juste dans l’entrepreneuriat, on ne parle pas – ou pas assez – des discriminations envers les femmes dans la levée de fonds et le financement, ce dernier pourtant indispensable pour entreprendre.

Le financement des Start-Up par et pour les hommes

En 2018, les investisseurs de la communauté Angel Square (spécialisés dans le Crowdequity) dévoilent le nom des 5 femmes Business Angel les plus influentes, classés dans le Top 30 des BA français. Couplé avec les chiffres de 2018 indiquant que 92% des investisseurs en capital-risque sont des hommes, cela met en exergue la sous-représentation des femmes parmi les investisseur.e.s (sans parler des minorités non-blanches qui ne sont même pas représentées à hauteur de 2%).

Du coté des entrepreneur.e.s, le constat est double.

  • D’une part, les Start-Ups fondées ou co-fondées par des femmes reçoivent seulement 2,2% des fonds mondiaux en capital-risque avec des sommes moins importantes. En France, ce chiffre s’élève à plus de 3% quant aux financements distribués par les dix principaux fonds d’investissement ;
  • D’autre part, une étude menée par Techcrunch démontre qu’il est plus facile pour les femmes de lever des fonds auprès de décideur.e.s mixte.s, les femmes étant plus enclines à investir dans des équipes avec de la diversité.

Compte-tenu de ce manque de mixité dans les Start Ups (seul.e un.e entrepreneur.e sur 3 est une femme – toutefois une avancée considérable si l’on regarde 10 ans en arrière) et chez les investisseur.e.s (qui sont très souvent d’anciens entrepreneur.e.s également), ces mécanismes s’auto-alimentent et perdurent dans l’écosystème : la boucle est bouclée.

Les bénéfices de la mixité dans la levée de fonds

Les études s’accordent pour louer les bénéfices de la mixité dans les Start-Up.

Selon le Boston Consulting Group (BCG), par exemple, les entreprises gérées par les femmes sont plus rentables et rapportent jusqu’à 2,5 fois plus aux investisseurs. Le collectif Sista (https://www.wearesista.com/), association de femmes dirigeantes luttant contre ces discriminations, indique même que « atteindre la parité générerait plus de 2000 milliards d’euros de PIB supplémentaire en Europe d’ici à 2025 ». En effet, la mixité permettrait à ces entreprises d’être plus innovantes, d’après une étude réalisée par Havard et appuyé par d’autres organismes publiant les mêmes résultats.

Au-delà du manque à gagner, ce peu de diversité se traduit par un ralentissement de l’intelligence collective. Ainsi, l’écosystème des Start-Up se constitue de personnes aux schémas de pensées et aux cultures similaires, retardant de manière systémique la lutte contre les inégalités sociales et sociétales, ainsi que les processus d’innovation dans les entreprises.

Une étude de la journaliste Caroline Criado-Perez publiée par The Guardian indique ainsi que la plupart des objets du quotidien sont pensés pour un « un homme caucasien de 1m70 pour 76kg ». Plus qu’un inconfort (physique et idéologique), cela représente un enjeu crucial lorsque l’on sait qu’une femme est « 17% plus susceptible de mourir en voiture qu’un homme », parce que les automobiles sont conçues par et pour des hommes.

Dans le domaine de la tech, les expert.e.s pointent également le sexisme dans l’intelligence artificielle. En 2016, un chercheur de l’université de Washington prouve que les logiciels Google de reconnaissance vocales Google ont 70% plus de chances de reconnaitre une voix masculine…

Agir pour plus d’équité dans la levée de fonds

Alors comment répondre à cette problématique dans la levée de fonds ?

La réponse se situe à trois niveaux.

D’abord, prendre conscience des biais :

  • Les investisseurs préfèrent et aident ceux qui leur ressemble. On démontre ainsi qu’à contenu et pitch identique, les voix masculines sont favorisées !!!
  • En découle un second point, les investisseurs ne posent pas les mêmes questions aux femmes, et se montrent plus exigeants, ce qui induit des différences dans les sommes accordées ;
  • Les femmes subissent de nombreux stéréotypes de genre : Trop ou pas assez ambitieuses, carriéristes et donc mauvaises mères, traitées de « minettes », moins capables, … Les entrepreneuses sont pleines d’anecdotes à ce propos. Parlez leur des assemblées de BA, elles seront intarissables ;
  • Faute d’appartenir à ces milieux, les femmes n’osent pas se jouer des codes et s’imposent parfois elle-même un cadre limitant, le fameux glass-ceiling.

Ensuite, appuyer la mixité à tous les étages. C’est pourquoi le collectif Sista appelle les acteurs du capital-investissement à signer leur manifeste et à s’engager publiquement :

  • Chez les financeurs : En constituant des équipes d’investisseurs mixtes et en communiquant sur les bénéfices de cette diversité, en interne et en externe (auprès des leveurs de fonds et des Start-Up). En mettant en place des processus pour conscientiser ces inégalités et les corriger ;

Des exemples durant la levée de fonds : Lors de l’instruction des dossiers s’assurer de donner le même temps de paroles aux femmes ; ajuster sa communication verbale et non-verbale ; qualifier la part de fonds accordés aux équipes féminines ou mixtes et s’engager à l’augmenter. Lorsque les projets ne sont pas acceptés, être dans la pédagogie ;

  • Chez les Start-Up : S’adresser à des leveurs de fonds et des équipes d’investisseurs mixtes, en faisant part de ce souhait, et en recrutant plus de femmes ; encore une fois, prendre conscience du glass-ceiling pour le briser.

Enfin, pour les entrepreneur.e.s, se former aux règles du jeu.

Le capital-investissement n’est rien d’autre qu’un marché, avec ses langages et ses rituels. Se faire accompagner par des professionnels conscients de ces enjeux permet de rester réaliste et d’en comprendre les biais et codes, afin de ne pas subir, et au contraire être proactif.ve sur sa levée de fonds.

Sans compter que c’est en entrant dans le système qu’il sera possible de l’améliorer. Il le vaut bien !

Au fond et en s’inspirant d’une citation célèbre de Françoise Giroud(*), l’écosystème du capital-risque aura balancé son porc le jour où des entrepreneuses pourront, comme leurs homologues masculins, griller des fortunes sans que cela n’étonne personne.

(*) “La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente.”

Leveurs de fonds en Rhône-Alpes, les consultants Rainmakers accompagnent les Start-Up avant, pendant et après leurs levées de fonds. Nous intervenons sur Lyon, Grenoble, St Etienne, Valence, Annecy, et Chambéry, depuis la love money jusqu’à la série A en passant par l’amorçage et l’accompagnement des boards.