Qui mieux qu’un leveur de fonds pour vous parler de combien coûte une levée de fonds ? Surtout quand on voit des levées de fonds tous les jours ! Le coût ou plutôt LES coûts d’une levée de fonds peuvent varier considérablement du fait de plusieurs facteurs, de la taille de l’entreprise et de la complexité des opérations impliquées.
Il est à noter que l’ENSEMBLE des coûts présentés ici sont à la charge de l’entreprise qui lèvent des fonds ! Mais ils sont à mettre en regard des bénéfices qu’apportent à la croissance future d’une startup ou d’une entreprise en forte croissance lorsqu’elle réalise une levée de fonds.
Quels sont-ils et à quoi servent-ils ? Comment faut-il les comptabiliser ?
PARTIE 1 : QUELLES SONT LES RAISONS DES COUTS D’UNE LEVEE DE FONDS ?
A/ Les services de conseils juridiques pour accompagner la levée de fonds
Lors d’une levée de fonds, les services d’un avocat ou d’un conseil juridique sont absolument nécessaires !
- Revue des termes de la Lettre d’Intention (LOI), revue et négociation des éléments du Pacte D’actionnaires, revue et négociation de termes d’une éventuelle Garantie d’Actif et de Passif, revue et négociation des termes d’éléments comme des Management Packages, … en lien avec dirigeants et conseils
- Revue et négociation, main dans la main avec les dirigeants et conseils de la société, des contrats éventuels pour des instruments plus complexes : BSA, OC, OBSA, Obligations simples, … ou la mise en place de solutions d’intéressements des salariés comme des BSPCE ou BSA.
- Mais aussi rédaction des documents nécessaires dans la gouvernance de l’entreprise comme les PV d’AG, les Décisions Unanimes, Rapports du Présidents, les bulletins de souscriptions, les Statuts mis à jour, …
- Mise en place éventuelle de véhicules d’investissement comme une holding ou un SPV.
Ces frais peuvent varier entre 5 000 et 50 000€, parfois +, suivant la complexité des opérations menées et des documentations nécessaires.
B/ Les services de type comptable / commissariat peuvent être tout aussi nécessaires.
- Dans un certain nombre de cas, voire la plupart, un rapport du Commissaire aux comptes peut être nécessaire, ne serait ce que pour le cas où il y a suppression du droit préférentiel de souscription, dans le cas de mise en place d’un programme de BSPCE, …
- Il peut être nécessaire de faire intervenir un commissaire aux apports dans le cas où des actifs sont apportés dans le cadre d’une opération : actifs immatériels comme une marque, apport de titre dans le cadre d’une restructuration juridique, …
Les coûts de ces prestations peuvent varier entre quelques milliers d’euros et quelques dizaines de milliers d’euros en fonction de la complexité des opérations visées.
C/ Les Due Diligences peuvent être requises par les investisseurs !
La diligence est le processus de vérification de la viabilité de l’entreprise par les investisseurs potentiels, qui peut inclure la revue des finances, de la stratégie et de l’équipe de l’entreprise, de l’organisation, de la technologie, …
Ce processus d’analyse sert aux investisseurs pour « dérisquer » leur investissement et s’assurer de la qualité et de la véracité des informations reçues, de la solidité de la société, de sa qualité et sa robustesse.
- Due Diligence Administrative : beaucoup d’investisseur demandent qu’un organisme indépendant revoit et valide la bonne tenue des éléments administratifs, comptables, juridiques, financiers, fiscaux, contractuels, et vérifie qu’il n’y a pas de difficultés particulières identifiées. Cette partie peut couter quelques milliers d’euros dans sa version la plus standard.
- Due Diligence technique : les fonds et investisseurs peuvent mandater un expert, par exemple technique / IT, pour valider la validité de la technologie et sa solidité, valider la bonne organisation des équipes qui en sont en charge. Cette partie peut couter quelques milliers d’euros dans sa version la plus standard, jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’euros en cas d’audit complet.
- Due Diligence générale plus complète organisée lors de la phase d’audit post émission de la LOI. L’investisseur peut souhaiter plus généralement un revue complète de l’entreprise couvrant l’ensemble des points d’attention pour valider la solidité et la pérennité de la société et son organisation. Cette partie couvrira dans ce cas les deux Due Diligence ci-dessus et peut couter entre 15 000 et 50 000 Euros.
- Dans des opérations d’envergure, il est recommandé d’envisager une « Vendor Due Diligence » en AMONT du lancement de l’opération pour faire une analyse complète de l’entreprise, couvrant l’ensemble de ses aspects : administratives, financières, RH, juridiques, technologique, organisationnelle, …. Dans quel but ? Prémâcher l’analyse pour un investisseur, faciliter les discussions à venir, voire lever des difficultés en identifiant en amont ce qui nécessiterait des actions correctrices. Une VDD coutera 20 à 80 k€ .
D/ L’accompagnement du leveur de fonds tout aussi clé pour le dirigeant et le succès de l’opération !
Se lancer dans une levée de fonds est une aventure longue (9 à 12 mois), périlleuse (peu d’entreprises lèvent effectivement), et pour laquelle la plupart des dirigeants ne sont pas préparés. Le leveur de fonds sont là pour accompagner les dirigeants tout au long de ce parcours du combattant, d’être un véritable sherpa dans l’ascension du Mont Everest qu’est la levée de fonds.
Le conseil en levée de fonds va mettre son savoir-faire et son expérience au profit de ses clients. Entre autres choses, le leveur de fonds permet au dirigeant de
- Affiner la stratégie et le positionnement de l’entreprise, ce qui la rend unique et différenciante, de travailler le discours pour le rendre Crédible, I ntelligible et Attractif pour un investisseur
- S’appuyer sur le leveur pour la rédaction de toute la documentation nécessaire (pitch deck, teaser, business plan…) et de construire un Plan Financier « bottom up » solide qui sera le reflet de la stratégie de l’entreprise et qui mettra en lumière la bonne stratégie de financement, en terme de phasage, d’instruments dilutifs et non dilutifs, …
- S’appuyer sur le leveur pour sélectionner les investisseurs correspondant au stade de maturité, au montant recherché, au secteur d’activité, à la stratégie générale de l’entreprise… Et pour solliciter ces mêmes investisseurs ! Et cela en s’appuyant notamment sur le réseau du leveur de fonds, sa connaissance du marché et des spécificités.
- Etre préparé au pitch, aux questions – réponses, être accompagné et orienté lors des rendez-vous, échanges, phases d’instructions, …
- Etre accompagné dans les échanges et négociations qui interviennent lors de la phase amenant à la lettre d‘intention et la valorisation.
- Etre accompagné, main dans la main avec l’avocat, dans la négociation du pacte d’actionnaires et de toutes ses circonvolutions !
- Etre préparé, aussi, à la phase d’après, pour mieux appréhender ce qu’est une gouvernance d’entreprise avec un ou des investisseurs à son board, trouver de nouveaux types de partenaires,mettre en place voire participer à un Advisory Board !
Au-delà de son rôle d’exécution, le leveur apporte aussi l’accompagnement nécessaire dans une phase clé de la vie de l’entreprise, un temps gagné précieux dans une phase où la croissance du revenu est clé, une meilleure probabilité de succès de l’opération, mais aussi une opportunité d’échanger dans des phases de questionnement, en tant que Tiers de Confiance.
Les frais du leveur de fonds sont principalement de trois ordres :
- Une partie fixe, autrement appelé « Retainer ». Cette part de la rémunération est obtenue quelle que soit l’issue de l’opération et permet de couvrir PARTIELLEMENT le travail préparatoire, la démarche, ainsi que la création de la documentation, mais aussi de matérialiser l’engagement entre les parties. Cette partie est facturée au départ et peut varier entre 10 et 50k€
- Une partie variable aussi communément appelé « Success Fees ». Cette rémunération est perçue uniquement en cas de « succès » de l’opération et quand les fonds sont effectivement reçus par la société qui réalise la levée de fonds. Cette partie est facturée à la fin de l’opération et est couramment exprimé en pourcentage du montant levé, Typiquement 5 à 10% du montant levé en fonction du montant, de la typologie d’investisseur, etc …
- Une partie discrétionnaire : les dirigeants peuvent décider de rémunérer de façon discrétionnaire en complément le leveur de fonds pour son accompagnement au long cours, ses conseils, sa disponibilités…
E/ Autres besoins, autres frais
Des frais complémentaires peuvent exister comme par exemple
- Les frais de plateforme quand une plateforme type crowdfunding a été sollicitée. Ces frais sont souvent en %age de la levée de fonds et peuvent représenter jusqu’à 10% du montant levée.
- les frais liés au Relations Presses (RP) d’annonce de la levée de fonds. Il est assez habituel de solliciter les médias pour annoncer une opération, ce qui participent à la communication globale de l’entreprise. Ces frais vont de quelques milliers d’euros à plusieurs dizaines de k€.
- les frais de la structure qui sert de holding d’investissement dans certains cas. Ces frais sont en général assez faibles, globalement inférieur à 5k€.
- Dans le cas de Club Deal organisé, il n’est pas rare que des frais de « syndication » soient demandés par les organisateurs. Ces frais de syndications peuvent être très divers, de qq milliers d’euros à quelques % du montant levé ; il n’est pas rare dans ce cas que la structure syndicatrice propose une structure de « Carried Interest » pour l’organisateur et certains des investisseurs.
- Dans le cas de la mise en place d’un effet de levier, c’est-à-dire avoir recours à du financement non-dilutif sur la base des fonds propres levés lors de la levée de fonds, il est courant d’avoir recours aux services d’un prestataire pour cela afin de solliciter BPI et les banques commerciales. Les frais sur cette prestation de service sont en fonction du montant obtenu en financement non dilutif et sont de 3 à 6% du montant obtenus.
PARTIE 2 : Comment comptabiliser les couts d’une levée de fonds de façon optimale ?
Il existe plusieurs façons possibles de prendre en compte les frais liés à la levée de fonds.
A/ Comptabilisation en charges d’exploitation : la méthode la plus directe.
La comptabilisation la plus simple et la plus immédiate est tout simplement de prendre chacun des coûts listés ci-dessus et de les passer au compte de résultat dans des comptes de charges d’exploitation, typiquement en Honoraires.
Avantages ? simplicité, maintien du montant de la levée en fonds propres
Inconvénients ? réduction du résultat de l’entreprise, parfois augmentant un déficit.
B/ Une comptabilisation au bilan en déduction de la prime d’émission.
Passer les frais de levée en déduction de la prime d’émission revient à faire un « paquet » sur la levée de fonds :
Augmentation de capital = ( levée de fonds – frais ).
Cette augmentation, réduite des frais, est donc passée en capital social et prime d’émission au bilan, au passif :
Avantages ? Le résultat de l’entreprise n’est pas obéré par ces coûts (charges d’exploitation)
Inconvénients ? réduction des capitaux propres, limitant le recours à l’effet de levier et la robustesse apparente.
C/ Passer les Frais de levée en frais d’établissement.
Il est enfin aussi possible de passer les frais de levée en frais d’établissement, créant ainsi une immobilisation incorporelle au bilan à l’actif.
Avantages : Pas de charge donc. Pas de réduction des fonds propres
Inconvénient : Une immobilisation s’amortit dans le temps donc réduit le résultat comptable futur ; On reporte la charge de façon étalée sur 5 ans.
Note : La permanence des méthodes comptables est un principe de stabilité nécessaire, pour éviter que d’une année sur l’autre on fasse tout et son contraire. Aussi, on ne pourra pas changer d’une fois sur l’autre de méthode, et il s’agira de prévoir le pour et le contre pour la suite.
Le choix de la méthode de comptabilisation des frais de levée peut sembler tout à fait anodin suite à une levée de fonds mais cela peut avoir un impact et des conséquences non négligeables en fonction de l’option choisie.
CONCLUSION :
La totalité de ces frais est à la charge de l’entreprise qui lève des fonds et tout mis bout à bout il n’est pas rare que tous les coûts soit de l’ordre de 10% du montant levé, voire nettement plus en cas de recours à des plateformes.
Les différents services présentés semblent inévitables pour mener à bien une telle opération. Certes, le coût d’une levée de fonds peut sembler assez élevé, en particulier pour les petites entreprises ou celles qui sont en démarrage. Cependant, ces coûts peuvent être considérés comme un investissement à long terme, car une levée de fonds réussie apporte une injection de capital cruciale pour la croissance et le développement de l’entreprise.
Leveurs de fonds en France , les consultants Rainmakers accompagnent les Start-Up avant, pendant et après leurs levées de fonds. Nous intervenons sur Lyon, Grenoble, St Etienne, Paris, Toulouse, en seed et série A.
Guy BARBIER