Lever des fonds en bourse

Du « seed » à l IPO (Initial Public offering ou introduction en bourse en français) … c’est le parcours classique du financement pour une « startup » ou plus généralement pour des startups !

L’IPO est-elle encore strictement réservée aux grands groupes établis ou aux seules licornes ? Car elle a été longtemps vue comme l’étape ultime dans le cycle de financement des entreprises technologiques à forte croissance.

Non, ce mode de financement peut également être une option à considérer pour de plus jeunes startups qui ont besoin de financer leur croissance.

C’est que nous démontre actuellement Lepermislibre, acteur digitalisé de l’enseignement de la conduite en France, né en 2015 et 1er IPO de 2023 ! L’entreprise prévoit de lever 8 M€ (base deal) pour devenir le leader du secteur (estimé à 2 Mds€ et désormais libéralisé) et atteindre 45 à 50 M€ de chiffre d’affaires… en 2025, pour 12,24 M€ en 2021.

La bourse et les startups : « je t’aime … moi non plus »

Depuis 2018, 34 PME innovantes (hors entreprises issues de l’univers Biotech / medtech) ont ainsi fait leur entrée sur les différents marchés de la bourse de Paris. Majoritairement sur Euronext Growth, le compartiment dédié aux small & mid cap. Elles ont levé, dans le seul cadre de leur IPO, un montant cumulé de près de 1,3 milliard €, soit une levée moyenne de 38,1 M€ . Soit 26,8 M€ si on exclut des entreprises du secteur Hydrogène largement représentées en 2021 avec des opérations de taille bien supérieures – entre 100 et 150 M€.

Signe que les startups ont le vent en poupe sur les marchés boursiers ? … Pas si sûr que cela. Les IPO des dernières années ont laissé les investisseurs dubitatifs sur quelques startups arrivées sans doute un peu tôt sur le marché. Par exemple Boostheat ou Navya qui connaissent aujourd’hui des parcours compliqués.

D’ailleurs en bourse, on n’essaie jamais d’affirmer un statut de startup. Bien au contraire, les entreprises insistent sur les années d’expérience et la maturité de leur modèle.

Malgré les déconvenues sur certaines opérations, les acteurs de place continuent de se mobiliser pour accueillir sur les marchés les licornes françaises. Ils mènent, à l’instar d’Euronext, BPI ou les principaux fonds français, des actions pour rendre la bourse toujours plus attractive pour ces géants tech tricolores ou européens.

Par exemple, Euronext a créé en 2022 un nouveau segment baptisé « Euronext Tech Leaders » afin de renforcer son offre dédiée aux entreprises technologiques. Il veut notamment accroitre la visibilité de ces dernières auprès des investisseurs.

De même, le programme Techshare , mis en place par Euronext, vise à sensibiliser et acclimater les entrepreneurs de la tech aux enjeux de la bourse. Depuis son lancement en 2015, Techshare a déjà accueilli plus de 650 entreprises technologiques au sein de ce cursus de 6 mois, mêlant conférences et coaching par les partenaires de l’écosystème boursier.

« IPO or not IPO » that is the question ?

La première question à se poser … Pour quelles raisons souhaitez-vous faire une IPO ?

La bourse présente un certain nombre d’avantages :

  • Elle permet d’acquérir une certaine notoriété et une crédibilité qui peuvent parfois être utiles pour le développement de l’entreprise.
  • C’est également un pool de liquidité important. 28 M€ levés en moyenne pour une IPO, ça équivaut à une jolie série B ! Avec, en prime, un exit possible pour les actionnaires minoritaires historiques (souvent après une période d’un an) !
  • En bourse, vous bénéficiez également d’un socle très large d’investisseurs. Le cas échéant, ils pourront vous suivre sur les étapes suivantes de financement (augmentation de capital ou placements privés)
  • C’est un atout également dans une stratégie de croissance externe
  • Elle donne aux dirigeants une plus grande liberté opérationnelle et stratégique

Pour nous, la véritable différence entre la bourse et les investisseurs privés réside dans ces enjeux de gouvernance :

  • D’un côté, une multitude d’actionnaires qui exerce des prérogatives de gouvernance limitées au cours de l’assemblée générale annuelle.
  • De l’autre quelques investisseurs que vous devez consulter (et convaincre) pour chaque décision stratégique ou opérationnelle importante.

Pour l’entrepreneur Il y a également quelques freins à tenter l’aventure boursière :

  • Obligation de transparence. L’information sur l’entreprise est accessible par tous. Lors de l’introduction en bourse, une entreprise doit « révéler » beaucoup d’informations financières et opérationnelles. Ce qui peut rendre son activité plus transparente. Et également la rendre plus vulnérable aux attaques de la part de ses concurrents
  • Obligations règlementaires . Les sociétés cotées sont soumises à des contraintes de production et de publication d’information financière. Comme par exemple le chiffre d’affaires, résultats annuels et semestriels, information privilégiée, DPEF, assemblée générales. Les entreprises cotées sur Euronext Growth bénéficient d’une règlementation plus légère
  • Ça coûte cher !!! A commencer par l’introduction en bourse en elle-même : environ 10% des fonds levés (banquiers, avocats, CAC, communication, etc.). Il faut ensuite prévoir un budget complémentaire annuel (100 k€ pour une small cap en moyenne) inhérent à la cotation. Cela corresponds aux couts des obligations règlementaires, production et revue de l’information financière & relations investisseurs.
  • Et ça prend du temps. Si vous jouez le jeu de la bourse sérieusement, envisagez de dédier 10 à 15% de votre temps aux relations investisseurs. Il faut prendre en compte la préparation et publication de résultats, forum investisseurs, investor day, etc.

Vous êtes convaincus par la bourse, c’est GENIAL ! Encore faut-il que votre entreprise soit en mesure de convaincre les investisseurs boursiers …

Quels sont les ingrédients d’une IPO réussie ?

Au regard de la diversité des profils des 34 IPO depuis 2018, il n’y a pas de profil type pour l’âge de l’entreprise (de 3-4 ans à 8-10 ans pour la majorité) à son entrée en bourse. Le profil idéal (marché large et mondial, CAGR > 50 % sur les 5 prochaines années, rentabilité >20%, performance extra-financière hors norme … et bien sûr une valorisation raisonnable) n’existe pas. Hormis pour les biotech/medtech et quelques exceptions, il sera néanmoins beaucoup plus difficile de réussir une IPO sans une activité déjà bien installée (>5 M€ de CA avec une belle trajectoire de croissance).

En bourse, comme dans toute levée de fonds, c’est la promesse que vous faites à l’investisseur qui prime. Et, chez Rainmakers, nous avons une conviction sur ce point : cette promesse doit être Crédible, Intelligible et Attractive !!!!

Alors une bonne « equity story » , bref la thèse que vous proposez aux investisseurs, pour la bourse c’est quoi ?

  • Un secteur attractif : soit par sa taille et ses caractéristiques, soit parce qu’il s’agit d’un nouveau domaine d’investissement

Un exemple : l’hydrogène en 2021. Avec un énorme potentiel à long terme et peu de sociétés cotées.
–> énorme succès des IPO de HRS, HDF, Waga par exemple

  • Une ambition de croissance affirmée et crédible : X10 en 5 ans sur un modèle qui a fait ses preuves
  • Un modèle d’affaires éprouvé. Prêt à être déployé à grande échelle. Déjà rentable où qui le devient rapidement dans l’horizon d’investissement (2-3 ans). Ici l’ EV/EBIT négatif n’est, en principe, pas toléré très longtemps !
  • Une équipe dirigeante expérimentée : soutenue par une gouvernance indépendante et experte. Dans une IPO, le dirigeant est mis sous les feux de la rampe pour incarner l’histoire, auprès des investisseurs bien sûr, mais également auprès des médias …

Après en bourse, tout est question de « timing » . Bien sûr, il y a le temps des marchés financiers … qui peut être facétieux … 2019 & 2022 ont été des années peu propices aux IPO. Les investisseurs ont tendance à se concentrer sur la gestion des sociétés déjà en portefeuille, quand les marchés sont plus chahutés. Par conséquent, ils se montrent moins sensibles aux nouvelles histoires.

La temporalité intrinsèque de l’entreprise est également très importante : elle se matérialise par son « newsflow » et a une influence forte sur la valorisation de l’entreprise dans son parcours boursier. Les informations, business et financières, à venir permettront aux investisseurs de bien valoriser l’entreprise. Il est donc préférable de programmer son IPO en amont d’un newsflow riche et positif.

Conclusion

Pour nous, la bourse est une option de financement intéressante à considérer pour une entreprise qui s’engage dans un cycle de fort développement. Elle offre de formidables opportunités de croissance et constitue une étape de structuration forte pour l’entreprise. Il faut néanmoins choisir cette route en pleine conscience des contraintes qu’impose la vie boursière. C’est-à-dire voir la valeur de son cours de bourse dévisser de 15% sans raison apparente en une journée n’est jamais chose facile pour un dirigeant.

Leveurs de fonds en France , les consultants Rainmakers accompagnent les Start-Up avant, pendant et après leurs levées de fonds. Nous intervenons sur Lyon, Grenoble, St Etienne, Paris, Toulouse, en seed et série A.

Olivier LAMBERT

La boîte à outils de la levée de fonds

Rainmakers présente un livre indispensable pour tout comprendre et/ou réussir une levée de fonds pour votre startup.

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