Entre effet de mode, « green washing » et véritable startup à impact, difficile de s’y retrouver et de démêler le vrai du faux. Déterminer si une startup peut être qualifiée ou non de « startup à impact » est pourtant un exercice que certains acteurs (fonds à impact, BPI, etc.) font quotidiennement, lorsqu’il s’agit d’évaluer l’éligibilité à certains financements. 

Mais alors comment savoir si une startup est réellement engagée dans une démarche d’impact et d’ESG (environnement, social, gouvernance) ? Pour y répondre, nous vous proposons 6 questions à vous poser – ou à poser à ces entreprises – afin d’y voir plus clair. Et pour illustrer tout ça : quelques exemples pour plus facilement vous projeter. 

C’est parti !  

Pour commencer, rappelons que différents aspects / critères sont à considérer pour évaluer le niveau d’engagement et/ou d’impact d’une startup. Ce n’est pas une formule mathématique ou une liste « éliminatoire ».  

Il est nécessaire d’apprécier ces questions/réponses dans leur ensemble et d’observer la cohérence pour pouvoir se faire une idée globale. L’entrepreneur ou la personne qui souhaite évaluer la startup peut attribuer une note de 0 à 3 sur chaque question : 

0 : « Bien au contraire » 
1 : « Pas vraiment » 
2 : « Oui mais peut s’améliorer » 
3 : Totalement !  

Un score supérieur à 14 et aucune réponse égale à 0 : la startup peut être considérée comme startup à impact.

Les 6 questions à se poser 

1. La startup répond-elle à un enjeu majeur (social, sociétal et/ou environnemental) de demain ?  

Pour répondre plus facilement à cette question, l’entrepreneur peut se référer à la liste des Objectifs de Développement Durable horizon 2030 défini par l’ONU.

Exemple Blablacar (solution de covoiturage) : Totalement (3) 

La solution Blablacar s’intègre dans 2 enjeux du développement durable 2030 définis par l’ONU : 

  • Objectif ONU N°11 : « Villes et communautés durables » : Blablacar s’intègre dans cet objectif en proposant une solution pour rendre le transport accessible, viable et à un coût abordable pour tous.  
  • Objectif ONU N°13 : « Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques » : Favoriser le covoiturage en rendant ce type de transport économiquement intéressant permet de limiter l’impact environnemental des trajets individuels et ainsi de participer à la lutte contre les changements climatiques.  

2. L’impact est-il moteur du projet (au cœur du projet) ou représente-t-il seulement une plus-value qui n’était pas particulièrement attendue ou souhaitée initialement ?  

La startup a-t-elle été créée avec pour ambition d’avoir un impact positif ? Les dirigeants sont-ils sensibles à cette notion d’impact ? L’entreprise prend-elle en compte son impact environnemental ou social dans ses décisions stratégiques ? Le Business Model est-il cohérent avec les valeurs et missions affichées par la startup ?  

L’exemple Ethi’Kdo (carte cadeau écologique et solidaire) : Totalement (3) 

Ethi’Kdo prend en compte l’impact environnemental dans l’ensemble de ses décisions : 0 plastique, choix des enseignes, évaluation de l’impact des enseignes partenaires, hébergement des sites web et dématérialisation sur des serveurs alimentés en énergies renouvelables, etc. De plus, les valeurs défendues par Ethi’Kdo se retrouvent également dans les choix stratégiques et de gouvernance avec : une évaluation de la performance écologique par des tiers indépendants, un fonctionnement en Société Coopérative d’Intérêt Collectif (lucrativité limitée et principe démocratique d’une personne = une voix). Elle identifie par ailleurs les points d’amélioration à intégrer dans sa stratégie.  

3. La solution proposée par la startup est-elle la meilleure au problème ?  

On ne compare pas seulement la startup vis-à-vis des offres concurrentes mais aussi sur les solutions qui s’attaquent au même problème environnemental ou social / au même sujet. En somme : la startup apporte-t-elle une plus-value réelle comme solution ou est-ce qu’elle répond à un problème social ou environnemental qui finalement est bien mieux résolu avec d’autres solutions (qui ont un impact plus fort) ? 

L’exemple Citiz (réseau d’autopartage en ville) : Oui mais peut s’améliorer (2) 

Le réseau Citiz permet en effet de favoriser l’autopartage et donc : de rendre la mobilité accessible au plus grand nombre, d’utiliser un véhicule uniquement en cas de nécessité, de limiter le nombre d’espaces de stationnement occupés en ville …  

Cependant, si cette solution reste engagée et apporte une réponse à différentes problématiques identifiées dans les ODD 2030, d’autres solutions proposées s’attaquent au même problème en apportant des solutions plus écologiques et/ou économiques. Par exemple : la location de vélos ou de trottinettes électriques permettant une mobilité partagée, accessible au plus grand nombre et sans émissions de CO2. Une piste d’amélioration de la solution Citiz serait de ne proposer que des véhicules électriques par exemple.

Aucun jugement de valeur ici, cela signifie juste que la solution n’est peut-être pas celle qui répond le mieux au problème identifié. Toutefois, elle offre bel et bien un élément de réponse et reste une solution engagée pour la mobilité.   

4. L’impact est-il suivi par l’entreprise ? 

L’entreprise a-t-elle une idée claire de son impact ? A-t-elle mis en place des outils de suivi liés à l’impact ? Sinon a-t-elle planifié de le faire ? 

L’exemple Biocycle (récolte des invendus alimentaires et distribution auprès d’associations) : Totalement (3) 

Biocycle lutte contre le gaspillage et la précarité alimentaire en collectant et redistribuant les invendus des professionnels de l’alimentation. Elle mesure son impact autour de différents facteurs liés directement à son activité : nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire grâce à la solution, nombre d’emplois de personnes en insertion sociale créés, nombre de personnes sensibilisées.  

5. L’impact est-il intimement lié / proportionnel avec la croissance de l’entreprise ? 

La croissance de la startup permet-elle de faire croître dans les mêmes proportions son impact ? 

L’exemple Vinted : Oui mais peut s’améliorer (2) 

Oui car l’augmentation du nombre d’utilisateurs fait augmenter le nombre de vêtements de seconde main vendus. Reste cependant à vérifier que ceci a un impact direct sur la diminution des achats de vêtements dans la « fast fashion » (objectif initial de Vinted). Cet exemple illustre bien le fait que cette question n’est pas toujours si simple. Un installateur de panneaux photovoltaïques par exemple pourrait dire « Totalement » : car l’énergie solaire produite est directement reliée au nombre de clients et tailles d’installations. Mais dans la plupart des cas, ce n’est pas toujours si évident. Il faut donc choisir des indicateurs en lien avec la mission de l’entreprise et montrer que la startup, en grandissant fait grandir l’impact positif qu’elle a sur la problématique initiale.  

6. La startup a-t-elle un mode de gouvernance cohérente avec une démarche ESG (environnemental, social, environnemental) ?  

Quels rôles jouent les actionnaires ? Quelles relations ? Quelle transparence sur la rémunération des dirigeants ? Les salariés sont-ils au capital de l’entreprise ? Quel statut juridique (ex : scop) ? 

Ici difficile de donner un exemple concret. Il n’existe pas de bonne ou mauvaise réponse, c’est encore une question de cohérence. Vous avez opté pour un statut juridique classique (style SAS), vous avez des investisseurs à votre capital et aucun salarié ? On ne peut pas dire pour autant que vous n’êtes pas une startup à impact. Tout dépend du rôle que joue chacun dans la gouvernance, de la manière dont sont menées les discussions, des valeurs des personnes présentes au board, du choix de vos partenaires, etc.  

Vous l’aurez compris, qualifier l’impact d’une startup ne réside donc pas uniquement dans l’étude de son impact environnemental ou sociétal du projet mais questionne la cohérence globale du projet et les valeurs présentes dans les choix quotidiens de l’équipe entrepreneuriale. 

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Elodie MAUREAU

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