Idées reçues sur les fonds à impact : légende ou réalité ?

Difficile de se représenter précisément ce qu’est un fonds à impact et comment il fonctionne. Difficile d’y voir clair et par conséquent de démêler le vrai du faux. Pour vous aider, Rainmakers a fait la liste des idées reçues que nous entendons le plus et vous explique ce qu’il en est !  

Idée reçue 1 : Les fonds à impact font passer les critères ESG avant la dimension financière dans l’évaluation des dossiers 

En réalité, ce n’est pas vraiment comme ça que ça marche. Les fonds à impact donnent autant d’importance aux critères ESG qu’à la rentabilité et la croissance potentielles de la startup. Leur métier, comme les autres fonds d’investissement, est d’investir l’argent qui leur est confié (par des particuliers, des organismes, des entreprises, etc.) pour le faire fructifier et réaliser une plus-value. Ainsi, les critères d’investissements classiques sont autant regardés que dans les autres fonds. Cependant, les fonds à impact ont également pour objectif d’investir dans des startups ayant un impact environnemental ou social positif et un projet cohérent en termes de critères ESG. Ainsi, s’ils ne font pas passer les critères ESG avant la dimension financière ou les autres critères, ils ne les font pas passer après non plus et y accordent une place tout aussi importante dans l’évaluation des dossiers reçus.  

Le conseil aux startups :

Les critères ESG sont essentiels mais ne font pas tout, ne pas négliger les autres aspects du dossier à mettre en avant : accès marché, preuves de traction, rentabilité à venir où déjà établie, croissance attractive, une différenciation claire face à la concurrence, etc.  

Idée reçue 2 : Les fonds à impact attendent un ROI moins élevé que les autres fonds 

Là aussi, c’est une erreur. Comme expliqué précédemment, le métier du fonds d’investissement à impact est de faire fructifier l’argent qui lui est confié en misant sur des startups qui ont un impact environnemental ou social positif. Et comme les startups à impact sont confrontées au même taux d’échec que les startups plus classiques (sauf preuve du contraire), alors les fonds à impact sont confrontés aux mêmes problématiques que les autres fonds. Sur 10 startups dans lesquelles ils investissent, certaines vont malheureusement échouer, d’autres continueront d’exercer leur activité mais sans atteindre la croissance escomptée et seules 1 à 2 d’entre elles vont réaliser une forte croissance et donc amener un retour sur investissement important au fonds. Ainsi, et c’est la règle du jeu, la plus-value faite sur les 2 gagnantes doit permettre de compenser les pertes des autres investissements et amener une plus-value aux investisseurs du fonds. Le ROI attendu par les fonds à impact est donc la plupart du temps similaire à celui attendu pas des fonds plus « classique ».  

Le conseil aux startups  :

Présenter un BP financier attractif, qui offre des perspectives de plus-value intéressantes pour le fonds à impact et expliquer dans votre info-memo comment vous allez parvenir à ces résultats tout en respectant vos valeurs et les critères ESG. Pour info, le TRI attendu par les investisseurs est souvent de X4.5 en 5 ans.  

Idée reçue  3 : Si ma solution a un impact environnemental ou social positif alors je rentre dans les critères d’investissement des fonds à impact 

Malheureusement, ceci est une légende. D’une part, toutes les startups qui ont un impact positif ne peuvent pas être qualifiées de startups à impact. Le critère « impact » va dépendre de la cohérence du projet en termes d’impact environnemental ou sociétal, des choix stratégiques, de l’accessibilité de la solution pour la cible, des valeurs portées par les dirigeants, pour certains des indicateurs de suivi mis en place, etc. De plus, la dimension « impact » est loin d’être le seul critère retenu par les investisseurs dans leur thèse d’investissement et plus globalement dans l’étude des dossiers.  

D’abord, la thèse d’investissement : certains fonds à impact se concentrent uniquement sur les startups à impact environnemental ou sociétal. D’autres peuvent avoir des thèses d’investissement par secteur d’activité (santé, industrie, logiciel, etc.) ou encore par secteur géographique (sur l’implantation géographique de la startup ou sur la localisation des bénéficiaires de la solution) : continental, national, régional (exemple : secteur des énergies renouvelables en Afrique). Enfin certains vont investir sur un stade d’avancement précis avec des critères supplémentaires tels que : la rentabilité, le minimum de CA demandé, le développement d’un prototype exigé, une traction démontrée, etc.  

Le conseil aux startups  :

Non, être une startup à impact ne suffit pas pour intéresser un fonds à impact. Mais pas de panique : un refus peut signifier qu’il est trop tôt mais aussi que vous ne vous êtes pas adressé aux bons interlocuteurs. Prenez donc le temps d’identifier les fonds à impact qui correspondent à votre startup et de bien mettre en avant les atouts de cette dernière en fonction dans votre documentation.   

Idée reçue 4  : Les fonds à impact ne co-investissent qu’avec des fonds à impact  

Ils ne co-investissent pas avec tout le monde et certains préfèrent entrer seuls au capital mais ceci est loin d’être une généralité. Comme tous les autres fonds plus classiques, il s’agit surtout de partager la représentation du projet, l’objectif et la route à suivre pour y parvenir. Ce n’est pas parce qu’un fond d’investissement n’est pas « à impact » qu’il ne peut pas partager les valeurs et l’attrait pour le projet. La vraie question se situe donc dans le fait de réunir des fonds qui partage votre vision et qui soient prêt à investir pour la mettre en œuvre.  

Le conseil aux startups  :

Trouvez un leader de tour (un premier fonds prêt à investir) et le reste sera beaucoup plus facile. Faire entrer un fonds à impact comme leader peut être conseillé si vous avez cette chance mais la levée de fonds est un exercice compliqué ! Alors n’excluez aucune piste : les fonds plus classiques ont aussi des choses à vous apporter et ont l’habitude de co-investir avec des fonds à impact !  

Idée reçue 5 : Les représentants des fonds à impact sont plus souples et il est plus facile de discuter avec eux lorsqu’il faut prendre des décisions stratégiques  

Les investisseurs à impact seraient donc plus « faciles » ? Et bien oui et non. En réalité tout dépend de votre personnalité, vos attentes et de votre interlocuteur. Vous pouvez très bien vous entendre avec le directeur de participation d’un fonds classique ce qui rendra les discussions plus souples et plus simples et bloquer avec le représentant d’un fonds à impact présent à votre board (et vice versa évidement). Bien entendu, il est plus facile d’échanger et de débattre de décisions à prendre lorsqu’on partage la même vision et les mêmes valeurs : il est donc facile de penser qu’en tant qu’entrepreneur à impact, il sera plus aisé de collaborer avec un investisseur à impact. Oui mais … les investisseurs ne changent pas du jour au lendemain alors qu’en est-il de ces investisseurs qui, avant d’intégrer un fonds à impact, travaillait dans un fonds « classique » ? Et si l’on va plus loin : est-ce que prendre en compte les aspects financiers, la rentabilité et la plus-value dans la prise de décision est nécessairement mauvais et uniquement réservé aux fonds classiques ? Le débat est ouvert.  

Le conseil aux startups :

Fonds à impact ou non, nous vous conseillons de profiter de la phase d’instruction du dossier pour apprendre à connaitre votre interlocuteur, être au clair sur vos attentes et les siennes ainsi que sur la façon dont le fonds ou la personne qui en sera le représentant sur la durée de la participation a l’habitude de fonctionner et d’interagir avec les entrepreneurs ou dans la prise de décision.  

Idée reçue 6 : Les fonds à impact c’est seulement du greenwashing : ils fonctionnent exactement comme les autres fonds 

Ils fonctionnent en soi comme les autres fonds sur le processus et la logique : ils ont eux-mêmes des investisseurs qui leur ont confié leur argent et ont pour mission de faire fructifier ces placements. Pour la plupart d’entre eux, les véhicules d’investissement ont aussi une durée limitée dans le temps ce qui implique des enjeux de sortie assez similaires à ceux des fonds classiques. Cependant, ils se distinguent par leur thèse d’investissement, les critères étudiés, les facteurs pris en compte dans les décisions stratégiques et le reporting extra financier exigé. De manière plus globale, ils se distinguent en plaçant l’impact environnemental et/ou sociétal au cœur de leur stratégie d’investissement et comme mission clairement définie (ce qui implique une mesure régulière de l’impact de leurs participations et des objectifs concrets).  

Le conseil aux startups  :

Non les fonds à impact ne font pas du greenwashing, au contraire. Si vous choisissez de vous adresser à ce type de fonds, soyez sûr d’être engagé à 100% dans cette démarche. Mais oui, ils restent des acteurs du capital risque et sont « soumis » aux mêmes règles du jeu. Il faut aussi en être conscient avant de vous lancer pour éviter les déceptions ou incompréhensions en cours de route et mettre toutes les chances de votre côté. 😊   

Et vous ? Quelles sont vos idées reçues sur les fonds à impact ? N’hésitez pas à discuter avec différents interlocuteurs afin de tester vos croyances et démêler le vrai du faux 😉  

Leveurs de fonds en France, les consultants Rainmakers accompagnent les Start-Up avant, pendant et après leurs levées de fonds. Nous intervenons sur Lyon, Grenoble, St Etienne, Paris, Toulouse, en seed et série A

Elodie MAUREAU

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